Por Azzam Mahjoub*
Nous sommes pris dans un tourbillon marqué par un marathon électoral. Pour une jeune et fragile démocratie ce grand tumulte est de nature à ne pas prendre le recul nécessaire pour réaliser la signification profonde des événements que nous vivons, événements qui se déroulent devant nous et dont nous sommes les acteurs. Ces événements multiples se succèdent, se croisent et se télescopent, d’autant qu’à l’ère de l’information qui capte et relate l’immédiat relègue ou déclasse, souvent, l’événement d’hier au profit de celui d’aujourd’hui, ce qui est dans l’ordre du temps des médias.
Le temps de la réflexion et de l’analyse profonde est plus lent et, peut-être, décalé par rapport à l’urgence du temps immédiat. C’est vrai qu’aujourd’hui la question de la formation du prochain gouvernement est au centre des préoccupations du monde politique et médiatique, c’est vrai que les contraintes économiques et les urgences financières sont à l’ordre du jour, mais ce n’est pas par déni de ces préoccupation justifiées que je souhaiterais inviter les lecteurs à une ébauche de réflexion brève sur le moment singulier que nous vivons et dont l’élection quasi plébiscitaire de Kaies Saied en est un signe manifeste.
A ce titre, il faut avoir l’humilité de reconnaître que je fais partie de ceux qui ont, par non vue ou bévue cognitives et aussi par mésinformation et ou désinformation, n’avons pas pris la juste mesure de cette lame de fond portée par la jeunesse (dont Kaies Saied était l’épicentre) qui se formait progressivement, et qui, au fur et à mesure, gagnait en ampleur et en intensité pour surprendre et, surtout, submerger l’ordre politique.
Oui, pour ma part, j’avais parlé après le premier tour des présidentielles de forces nouvelles périphériques au système qui ont submergé les courants constitutifs du centre du système comprenant majorité et opposition à des degrés divers. J’ai, bien sûr, exclu de ce schéma le courant de N. Karoui, en ce qu’il représente le système dans sa forme perverse très massivement sanctionné par la suite. Oui j’avais, alors, exprimé, comme d’autres, des craintes sur la percée du populisme avec son credo : antiélitisme, souverainisme et conservatisme social propres à ces courants dans le monde. Cette analyse reste valable encore pour certains de ses courants présents sur la nouvelle scène parlementaire
Ceci étant, il est incontestable que lorsque le choix d’un peuple est quasi unanime, c’est qu’il exprime un grand moment de VÉRITÉ, une sagesse qui nous émeut, qui nous interpelle au plus profond de nous-mêmes. Ceci constitue-t-il un simple événement électoral circonscrit, propre à une conjoncture particulière, voire passagère, sans pesanteur sociétale forte et sans portée historique significative ?
Je voudrais, par cette petite contribution, adresser une invitation pressante pour les intellectuels, en particulier, pour qu’ils soient au diapason avec le message du peuple et de sa jeunesse, en particulier, pour analyser sa signification, son épaisseur culturelle, sa portée historique ainsi que les perspectives qu’il peut offrir.
J’ai l’intime conviction que le moment que nous s vivons est singulier d’une part et que le souffle de la Révolution est bien là de nouveau. Continuar a ler “LE NOUVEAU PRÉSIDENT : UN ÉVÉNEMENT SINGULIER, UN SOUFFLE NOUVEAU DE LA RÉVOLUTION”